Mon interview dans Sexualités humaines-1

S.H. : Tu dénonces, au nom de ton expérience passée, la violence fréquente des rapports sexuels entre personnes gays ; mais les excès du consumérisme sexuel ne sont-ils pas tout aussi fréquents dans le monde hétérosexuel ? Dès lors, pourquoi concentrer la critique sur le monde homosexuel ?
G.P. : Effectivement, le consumérisme sexuel sévit aussi chez les personnes hétérosexuelles. La société est totalement érotisée, et les conséquences sont souvent graves : beaucoup gisent renversés au bord du chemin aux mille promesses. La gestion de l’excitation des masses à fins ludiques et lucratives engendre des drames terribles : seuls les « plus forts » s’en sortent. Certains se gavent de sexe jusqu’à l’épuisement du corps, et les conséquences addictives qui s’ensuivent sont rarement médiatisées.
Le sujet de mon livre, c’est l’homosexualité ; mais l’exigence morale concerne tout autant les personnes hétérosexuelles. Le concept clé que je porte, c’est la chasteté dans la continence. C’est autre chose que l’abstinence telle qu’on l’entend vulgairement. C’est un chemin difficile, qu’on aurait tôt fait de caricaturer, et que j’explique longuement dans l’ouvrage. Si l’hétérosexualité est, de fait, le comportement axial en ce monde, il n’en va pas de même pour l’homosexualité. L’Eglise offre l’idéal de la chasteté à tout le monde : celle-ci englobe le regard, les pensées, la pureté de l’intention… Ce qui compte pour chacun d’entre nous, c’est de vivre pleinement son affectivité. Dans les faits, les gens n’ont que faire de ces mots et passent directement au sexe.