Dans cette nouvelle vidéo, Gaëtan Poisson aborde une question piégeuse : comment aborder l’identité de la personne homosexuelle sans la réduire à son inclination affective ou sexuelle ? Est-il possible de définir l’être homosexuel sans l’isoler sociologiquement ? Enfin, la sonorité évocatrice du mot “homosexuel” prédispose-t-elle à fixer la personne en question dans un entrelac vaporeux de luxures ? Gaëtan montrera en quoi le vocabulaire historiquement choisi a modelé de l’extérieur une fausse identité collective ; il montrera comment un simple paramètre intime a été hypertrophié artificiellement, pour devenir un empire symbolique, une identité carcérale.

Soyons clair, le terme homosexuel est assez récent. Un peu d’histoire est important sur ce sujet. Le terme « homosexuel » a été créé par un Hongrois, Karl-Maria Kertbeny, en 1868. Il a créé un an après le terme « hétérosexuel ».
Le terme hétérosexuel, décrivant la situation majoritaire, a donc été créé après le terme homosexuel, qui concerne une minorité. On remarque donc ici un facteur de confusion peu perceptible : soudain l’hétéro-normativité vient en second.
Avant, l’homosexualité et ses pratiques existaient bien entendu, mais elle n’était absolument pas reliée à une identité qui définissait une personne. Depuis plus d’un siècle, les choses ont énormément évoluées, surtout après les années 60.
Il est important de différencier l’attrait, l’attirance envers, et la pratique sexuelle, l’identité revendiquée. Ontologiquement, nous ne devrions donc pas nous définir comme personne hétérosexuelle ou personne homosexuelle, cette différenciation n’a rien d’une libération. Avant tout, nous sommes des êtres humains avec une spécificité, celle d’être un homme ou une femme, et toute la structure du réel est conditionnée par cette différence structurelle, très riche. Abolir et relativiser cette différence entraîne une violence extrême dont la personne homosexuelle est la première victime.
Donc, avant que d’être homosexuel ou hétérosexuel, un individu doit être identifié comme une personne. C’est capital, parce que si on se contente de dire “un homosexuel” plutôt qu’une “personne homosexuelle”, alors inconsciemment, on fait glisser l’identité de l’individu vers cet aspect de sa personne, ce qui accentue la séparation entre les êtres, ce qui les communautarise. Et alors on est tenté de penser par catégories plutôt qu’universellement : les droits des homos, les droits des bi, etc. Je tiens absolument à ce détail, car si on le néglige, on en arrive à une société de segments communautaires, qui luttent pour des droits privatifs.
On doit renoncer à la tentation de définir un “homo” de manière scientifique : il doit refuser la case assignée, qui est au final un ghetto. Et l’idéologie LGBT favorise ce “ghetto” en se casant eux-mêmes. Je crois que la personne homosexuelle commence à exister hors de la sexualité. C’est un peu provocateur de le dire, mais il faut sortir de la fixation sexuelle. Il y a avant tout une affection personnelle, une attraction de goût, un réseau d’aptitudes qui touchent souvent à la sensibilité, à la lucidité, mais pas seulement. La définition doit rester ouverte.
À propos de l’attirance, il est à noter qu’il existe plusieurs degrés selon notre désir pour la chose désirée. Ceci touche tous les êtres humains. Ici, la chose désirée est une personne qui a le même sexe que le sien. Elle relève d’une sensibilité qui est intrinsèque à l’homme et involontaire, non choisie. C’est très douloureux lorsqu’on en prend conscience. Je tiens à le rappeler, l’attrait pour le même sexe, qui n’est pas volontaire, n’est naturellement pas condamnable. L’attraction homosexuelle se manifeste le plus souvent à l’adolescence. Ce n’est pas pour autant que l’on est homosexuel. Plusieurs amis hétérosexuels m’ont confié qu’au moment de l’adolescence, ils ont eu une hésitation. Il y a différents niveaux dans l’attraction.
Trop souvent la société aime faire et entretenir l’amalgame entre l’attrait et la pratique. Lorsque l’Eglise s’oppose à l’acte homosexuel, elle ne dit pas que la personne est un péché sur pattes. Non ! Il s’agit de l’acte lui-même. Mes actes ne résument pas ce que je suis, ne résument pas mon identité. L’Eglise dit simplement ce que la Parole de Dieu nous invite à vivre. Les personnes qui s’en prennent régulièrement à l’Eglise sur tel ou tel sujet devraient être plus honnêtes et s’en prendre à Dieu Lui-même ; parce que c’est Lui l’auteur des Saintes Ecritures.
La pratique est le fait de mettre en acte l’attrait ressenti. Il faut noter l’importance du monde et des choses qui nous entourent et de leur influence sur nos comportements. La pensée actuelle véhiculée par les médias mais aussi par une grande partie du monde politique, par l’idéologie LGBT, les people, etc propose un mode de vie. Le chemin de vie pour la personne homosexuelle y est tout tracé. Il existe une forme de propagande avec tous les codes et rites qui parfois frôle la pornographie. Si on creuse le sujet, on s’aperçoit qu’il existe de plus en plus une forme de sacralité associée au monde homosexuel, qui aurait une sorte d’identité christique. Tout cela témoigne d’une immense incompréhension du sacré. Qu’est-ce que le sacré ? Il manifeste une réalité invisible qu’on ne peut toucher à part ceux qui sont désignés et consacrés; si des non consacrés touchent aux choses sacrés on appelle cela une profanation.
La différence que l’on peut faire entre la personne qui a une attirance envers le même sexe et celle qui a des relations sexuelles avec le même sexe, c’est une question de conscience personnelle. Le fait de passer à l’acte peut, à moyen terme, réduire la richesse de la personnalité homosexuelle en l’atrophiant sur la consommation du corps d’autrui. Le “consommateur homosexuel” aliène à la longue sa liberté de personne homosexuelle.
Par l’identité homosexuelle qu’on nous impose d’enregistrer dans nos consciences, il faut bien comprendre identité de goûts sexuels entre deux personnes de même sexe, ce n’est pas la véritable définition de l’identité au sens anthropologique. Une identité qui se sacralise d’elle-même, par les souffrances subies dans l’histoire (et bien réelles). Il y a là chantage, et tentative de clore la richesse du vivant sur des alternatives dénuées de tout rapport au spirituel. C’est l’horizon du supermarché de la consommation sexuelle panthéiste et sans rapport au sens qui nous est imposé comme une libération, un progrès. Celui qui objecte est alors le nouvel hérétique, homophobe: celui qui dévie de la doxa.