Les angles morts du discours pro-LGBT

On ne peut, sous prétexte de défendre un ensemble de personnes, réduire cet ensemble à un sous-ensemble militant, en lui faisant arbitrairement partager des revendications maximalistes. La personne homosexuelle n’est pas la propriété de la marque LGBT. Si la protection de ses droits est vitale, on se trompe à les conditionner à des luttes vindicatives et hyper-sexualisantes.  

De nos jours, la culture gay est sacralisée d’une manière tapageuse et ambiguë, ce qui provoque bien des ravages silencieux. On la défend avec un sentiment impérieux qui confine à l’agressivité. Dans ces conditions, les voix discordantes sont sommées de se taire ou de faire repentance. Désormais, chaque phrase à propos de l’homosexualité doit être soigneusement pesée, afin de ne pas déclencher de bronca. Il suffit de voir la terreur avec laquelle les gens choisissent leurs mots pour évoquer le sujet : les gens ont peur, à tel point que tout le monde prétend être décontracté sur le sujet. Un dogmatisme ferme, des injonctions à la communion quotidienne… l’acronyme LGBT est devenu une institution religieuse, et même une nation : une patrie méta-territoriale. Je dis « nation » car la mouvance LGBT a son propre drapeau, une multitude de fanions déclinés en fonction de la communauté à laquelle la personne homosexuelle s’identifie. Cette profusion de micro-identités, souvent courroucées, invoque des slogans tellement libres qu’il est interdit de les critiquer, de les problématiser hors périmètre… Résultat : c’est tout le questionnement homosexuel qui s’appauvrit, la véritable culture “gay”, au sens d’une réflexion exigeante et non complaisante. 

Cette tendance inquiétante n’est nullement l’apanage du monde LGBT. Nous la constatons aujourd’hui à travers d’autres mouvements, tels que Black Lives Matter, les féministes radicales… Tous ces groupes ont comme point commun de revendiquer pour eux la Liberté contre l’oppression, le mal, ce qui est à abattre. L’intelligence, le débat contradictoire et serein s’évaporent devant ces grosses machines. 

Ils sont minoritaires et pourtant, ce sont eux qui font les lois, du moins qui les ploient par la pression qu’ils imposent. Les médias mainstream refusent d’établir les règles de leur déontologie lorsqu’il s’agit de les évoquer. Cela se paie d’un soupçon symétrique, reporté sur les catholiques, les provinciaux, les Français de vieille date, les prétendus disciples d’une France rance, inventée de toutes pièces par les entrepreneurs d’unanimités factices. Jankélévitch a dit un jour, sur le plateau d’Apostrophes, que l’esprit, ça ne se trouve qu’en France. C’était gentiment exagéré, mais cela reflétait une époque bien réelle où l’intelligence était cultivée de façon tout à fait magistrale sur notre sol. Il y a loin de ce temps-là. 

De nos jours, l’Eglise elle-même a commencé à rentrer dans le rang. La crainte du sarcasme et de la vindicte rend beaucoup de ses membres spécieux, cotonneux, vis-à-vis des questions sociétales brûlantes. Certaines paroles de l’Evangile sont-elles trop exigeantes? Pas de souci, on les oublie, et on insiste sur le versant “toboggan”, celui qui passe tout seul: tolérance, tolérance, tolérance. Transaction morale bien malheureuse, car à ce prix, il ne reste plus qu’une hypocrisie monumentale à considérer. Le bien-être sexuel, voici l’important, un point c’est tout. On impose à la Révélation cette incise en plein milieu, comme si c’était à l’homme de décider en amont ce qu’il lui faut découvrir en ouvrant les livres sacrés. 

 Une théologie de fortune est confectionnée pour faire coïncider attentes et devoirs. Le croyant n’est plus qu’un client. On criminalise le clergé en faisant peser sur lui toutes les infractions du monde, et on se dispense collectivement de toute vigilance interne. 

Or la doctrine de l’Eglise n’est autre que la Parole du Christ interprétée par des siècles de Tradition. Elle est un « c’est-à-dire ». Elle indique le chemin à prendre pour suivre Jésus. Une véritable prise de conscience aura lieu, j’en suis convaincu. Quand, je ne sais pas ; ce que je crois, c’est qu’elle sera douloureuse. On se fait du mal et on semble aimer ça. C’est incompréhensible.

Publié par gaetanpoisson

Ancien séminariste, conférencier. Théologie catholique / Question de l'homosexualité au-delà de la rhétorique LGBTQI+

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