
Il est important de définir ce qu’est la chasteté dans la continence.
Selon le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel ». La chasteté est un comportement de l’âme qui rayonne sur nos actes concrets dans le sens de la bonté, de la douceur et de la discrétion heureuse. Être chaste, c’est ne pas laisser prise aux mauvaises pensées. La chasteté ne manipule pas son prochain, la chasteté dans un couple marié est le respect de la nature sans utilisation d’artifices chimiques qu’on appelle la contraception. Elle est ordonnée et elle écoute. Je pourrais continuer longuement cette litanie. En clair, la chasteté est à l’opposé du péché, c’est une pure merveille dans les relations humaines et elle ne se limite pas au paramètre de la sexualité.
La continence, elle, c’est précisément l’absence de relation sexuelle.
On peut la trouver par exemple dans le bouddhisme, et même hors de la religion chez des personnes qui font ce choix, pour diverses raisons et bien sûr dans la religion catholique.
Dans mon livre j’ai associé ces deux dimensions que sont la chasteté et la continence parce qu’un trait d’union les unit, c’est le Christ. Parce que pour être véritablement vécue dans le don de soi, il faut la grâce de Dieu ! C’est dans le Christ que la chasteté est parfaite. De notre côté, nous balbutions comme on peut, on peut toujours s’appuyer sur l’un des deux pôles pour soutenir l’autre pôle (chasteté et continence).
La continence sexuelle peut paraître inhumaine pour tout être humain. En réalité, elle n’est pas inhumaine, elle est surhumaine parce que transcendée par la grâce de Dieu. Sur un plan purement humain, c’est incompréhensible, intenable et voué à l’échec mais associé à la dimension surnaturelle, tout prend une autre dimension. C’est un don d’amour offert à Dieu.
Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation … » (Gn 12, 1)
C’est dans un pays, dans une parenté, dans la maison de son père que nous naissons et où nous recevons notre formation, nos idées. C’est là que nous évoluons et que nous grandissons. Quitter son pays, sa parenté, c’est quitter tous nos repères, tous nos concepts, pour d’une certaine manière devenir vierge d’esprit, de corps et d’âme. Mais pour quoi faire me direz-vous ?
C’est la même chose qu’avec Moïse quand Dieu lui dit : « N’approche pas d’ici, ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. » Les sandales symbolisent la même réalité que pour Abraham: c’est-à-dire, enlève et retire tes idées, tout ce que tu as reçu, pour recevoir la révélation. Sinon, ta nature humaine blessée par le péché voudra impérativement interpréter ce que je te donne avec ton histoire, ta psychologie, et forcément le message de Dieu sera perverti.
C’est pour cette raison que Jean-Baptiste dit au Jourdain devant Jésus qu’il n’est pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Parce que Jésus n’est pas seulement un homme mais aussi Dieu.
Pourquoi, je vous expose ces deux passages bibliques ?
Ces passages nous disent de quitter en nous tout ce qui peut parasiter la Parole de Dieu, par exemple, l’esprit du monde, l’idéologie LGBT qui veut conditionner toutes les personnes homosexuelles en parlant en leur nom et à leur place. Nous sommes appelés à être totalement renouvelés.
Le concept clé, c’est la chasteté dans la continence. Au-delà de la fixation sur la sexualité, nous sommes appelés à être chastes; on peut faire un parallèle intéressant avec la lettre et l’esprit de l’Ecriture. La lettre sans l’esprit ne signifie rien, comme la continence sans la chasteté, qui est un comportement plus large. Mais inversement, l’esprit sans la lettre, c’est une impasse. Il ne s’agit pas de promouvoir une conception punitive ou restrictive de la sexualité. Simplement, la sexualité homosexuelle a été une épreuve que j’ai longuement expérimentée dans la douleur, dans l’addiction, dans une fuite en avant. Nous sommes tous des témoins, et ce qui est prophétique, c’est le fait de répondre d’un appel au-devant d’une sorte de vide. Ce qui est prophétique est nécessairement une sorte de cri dans la nuit, suspect, quelque chose qui n’est pas balisé. Qui n’est pas facile à entendre. Professer tous les matins la chasteté en précisant que l’important c’est d’aimer et se faire plaisir tant qu’autrui est consentant, il n’y a là rien de prophétique, de difficile à entendre, de spirituel. C’est de la pommade. C’est rassurant. La Parole de Dieu n’est pas rassurante. Elle est une invitation, un appel. On peut chuter, mais il faut se relever et essayer. Le célibat n’est pas pour tout le monde. Mais les personnes homosexuelles y sont comme particulièrement prédisposées, en ce sens que leur orientation sexuelle ne peut pas déboucher sur la vie, par définition. Ce n’est pas accidentel mais structurel. Elles ont un rôle précisément prophétique à jouer, de par leur rapport à la lucidité particulier, et leur rapport au tragique plus renseigné.
J’insiste : mon combat n’est pas un combat anti-sexuel, mais je dénonce l’instrumentalisation du spirituel et du mot amour pour justifier des comportements complaisants.
Je me sens pleinement homme. Je vis un épanouissement, je me sens libre et je suis heureux. Et je sais de par mon passé que ce que je vis aujourd’hui ne vient pas de moi mais uniquement de la grâce de Dieu. Par mes propres forces, je serais bien incapable d’y arriver. Il faut bien sûr collaborer avec Lui et au début c’est difficile de renoncer à quelque chose qui fait partie de nous comme il est difficile de quitter son pays, sa parenté. C’est une sorte de deuil qui ouvre ensuite une perspective incroyable. Dieu n’est pas un sadique qui veut que nous lui donnions une partie de nous en nous laissant souffrir, non. Il faut comme pour Abraham poser un acte de foi devant ce qui peut paraître un précipice !