Hommes et femmes : la nature humaine (2)

Il faut comprendre le sens mais aussi l’essence de la Parole, sa face interne : cette essence est logos fondement de toute création. Tout ce que nous faisons a toujours commencé par la Parole mais aussi par l’écoute, Sh’ma Israël, l’écoute attentive. La parole permet de concevoir l’homme, elle est sa cause transcendantale.  

Lorsque je cultive mon jardin, pour faire pousser des légumes ou des fleurs, je sème, je bèche et j’arrose. Or je ne suis ni le “créateur” ni l’auteur des végétaux en question. Ce qui les a fait advenir est certes passé par mon concours, mais me dépasse irréductiblement : ce quelque chose qui me dépasse, qui n’est pas visible et qui pourtant est à la racine de ces fleurs et légumes, c’est la part incompressible de la réalité que nous ne pouvons modifier ni manipuler selon notre vouloir. Ce n’est pas moi qui ai engendré la fleur ou le légume. Je ne suis qu’un intermédiaire, un collaborateur. Une nature existe au-delà de la part matérielle sur laquelle j’ai une emprise : une limite intervient quelque-part dans le travail prométhéen. Cette limite s’est effacée progressivement dans beaucoup de consciences, et nous avons aujourd’hui bien du mal à la reconnaître. C’est pourquoi l’exercice attentif de la raison nous permet de retrouver sa trace, de la manifester. 

Nous pouvons constater une énergie ou « enérgeia » qui meut le développement de la matière, et qui permet le processus partant de la naissance à la mort de la fleur. Un ordre, une information a bien été émise pour réaliser ce processus. Celui-ci nous paraît  naturel depuis toujours, car il est précisément toujours à l’oeuvre : l’observation scrupuleuse de ses manifestations nous permet, comme Aristote, de débusquer l’ombre du premier moteur, c’est-à-dire Dieu, la Parole, et donc Jésus.  

Nous provenons donc, comme l’ensemble de la création, d’une Parole originelle ; cette Parole est miraculaire en son germe, car comprenant TROIS personnes en UNE seule, sans qu’il n’y ait contradiction. Il s’agit de la Trinité : 

« Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.… » 

Face à la question “d’où venons-nous ?”, nous pouvons donc répondre : par la Parole. Grâce au livre de la Genèse, nous savons aussi que nous sommes créés à l’image de Dieu.  

Arrêtons-nous ici sur le verbe “créer”, que la Bible française nous transmet au passé simple. Des exégètes soutiennent qu’il serait intéressant de le conjuguer plutôt au présent de l’indicatif. Voici ce que cela donnerait : « Dieu crée l’homme à son image, il le crée à l’image de Dieu, il crée l’homme et la femme. » Le présent de l’indicatif a quelque chose d’intemporel, et vérifie l’acte de notre création. Dieu nous crée à chaque instant car nous respirons et persistons dans l’être continuellement, sans y prêter le moindre concours intelligible.   

L’image et la ressemblance  

“Faisons Adam à notre image et comme notre ressemblance” : en hébreu « Naassè Adam betsalménou kidémouténou ». Le terme Adam signifie « le rouge » et sa racine est le mot dam, « le sang » qui donne le verbe damah, « ressembler ». La ressemblance dont il est question ici s’appuie sur l’image du sang humain, rouge. On évoque souvent la terre lorsqu’il est question d’Adam, mais le rouge est un sens plus fondamental encore. Lorsque l’on dit que nous sommes du même sang, cela signifie que nous faisons partie de la longue lignée des générations humaines, issues de la même famille.  

Lorsqu’on adopte l’axiome biblique selon lequel « l’âme est dans le sang », nous pouvons entrevoir d’une manière particulière la spécificité unique de l’âme humaine parmi tous les êtres vivants. La ressemblance est donc alors en analogie avec la CONsanguinité qui évoque ce qu’il y a de commun, voire d’unique entre les hommes et Dieu. Rien à voir avec l’acception moderne de la consanguinité, et ses répercutions médicales gravissimes.  

Nous arrivons à la compréhension bouleversante, grâce à la langue hébraïque, de NOTRE ressemblance à la divinité : NOUS, et la Très Sainte Trinité.  

Y a t-il une « CONsanguinité » divine à l’image de laquelle l’Homme serait fait ? Un même sang ? 

Les « hypostases » divines, différentes en tant que relations, les mêmes dans leur essence, nous permettent de comprendre ce mystère.  

Or, tout devient plus clair. Si Jésus qui s’est incarné s’est offert en sacrifice en nous donnant son corps, son sang à manger et à boire, ne serait-ce pas pour nous restaurer ? Restaurer ce que l’homme a perdu à cause du péché originel : cette consanguinité, ce même sang qui nous liait à Dieu. Jésus nous retransmet le sang qui réanime notre chair. N’est-ce pas lumineux ?  

Dès lors, nous comprenons distinctement qu’en matière de sexualité et du plus intime de nous-mêmes, il est légitime de poser la question du sens, et de réfuter ceux qui en nient les implications.

Publié par gaetanpoisson

Ancien séminariste, conférencier. Théologie catholique / Question de l'homosexualité au-delà de la rhétorique LGBTQI+

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